Respecter la faune et la flore

Haies bocagères sur déblai autoroutier - Allonzier la Caille

La construction de l’A41 Nord s’est inscrite dans une volonté affirmée de prise en compte des enjeux liés à la préservation de la biodiversité des territoires traversés. Ainsi, si elle constitue, à première vue, un élément potentiellement fragmentant du territoire par l’effet de barrière qu’elle génère, les mesures imaginées et mises en œuvre en faveur de la biodiversité permettent de supprimer voire d’atténuer largement ce caractère « infranchissable » attribué à une autoroute.

La réponse des milieux naturels aux aménagements réalisés constitue un indicateur essentiel qu’il convient de suivre, pour, au besoin, proposer les adaptations nécessaires à une intégration optimale de l’infrastructure qui, au même titre que les territoires qui l’entourent, évolue au fil du temps.

Paragraphes

DES AMENAGEMENTS EN FAVEUR DE LA FAUNE SAUVAGE

Afin de réduire au maximum la fragmentation des habitats naturels existants, différents types de dispositifs ont été réalisés dès la construction de l’A41 Nord. La localisation de ces ouvrages a été définie au vu des habitudes de déplacement de faune observées sur site dans le cadre d’études spécifiques menées en étroite concertation avec les services de l’État et les associations locales compétentes. En termes de transparence globale, ces ouvrages viennent ainsi s’ajouter aux rétablissements de voiries locales qui contribuent eux aussi à limiter la fragmentation de territoire liée à l’autoroute.

Ces dispositifs dédiés à la faune sont, pour la plupart, invisibles depuis la chaussée autoroutière et donc non perceptibles par les automobilistes empruntant l’A41 Nord. Pourtant, leur existence est essentielle pour que la faune sauvage terrestre (petite ou grande) puisse traverser le ruban autoroutier sans risque. Ces dispositifs peuvent être classés par grandes familles :

Le maintien d’une transparence de déplacement pour les animaux sauvages

Des ouvrages de traversée, de tailles et formes variables en fonction des espèces de faune terrestre identifiées, existent sur tout l’itinéraire de l’A41 Nord. Ces ouvrages sont de différents types :

Les ouvrages hydrauliques

Ces ouvrages de type buses ou cadres bétons sont construits sous la chaussée autoroutière et permettent, par temps sec, aux animaux terrestres de petite et moyenne tailles de traverser l’infrastructure. Afin de permettre le franchissement de ces dispositifs en période d’écoulement, 3 d’entre eux sont équipés de banquettes latérales judicieusement positionnées pour offrir aux animaux une possibilité de passage à « pieds secs ».

L’ouvrage dit d’Enex sur la commune de Neydens a été surdimensionné pour offrir un gabarit suffisamment attractif pour la faune sauvage dans un secteur topographiquement complexe.

Ouuvrage d'Enex (Neydens)

Les passages inférieurs aménagés

Certains rétablissements de voiries locales à très faible fréquentation par les véhicules motorisés ont également fait l’objet d’aménagements en faveur de la faune sauvage afin d’en améliorer l’attractivité et ainsi offrir des points de passages supplémentaires pour la faune sauvage. Les abords de ces ouvrages ont ainsi été plantés spécifiquement en vue d’attirer les animaux les incitant, par ce biais, à le franchir. C’est le cas du boviduc d’Uffin à Neydens (ci-dessous) ou encore du Passage Inférieur (PI) de Malbuisson à Copponex.

Boviduc d'Uffin (Neydens)

L’ouvrage de la Ravoire

Cet ouvrage a été construit pour préserver la population d’Écrevisses à pattes blanches et son habitat identifiés dans le cours d’eau de la Ravoire. Les dimensions considérables (20 mètres de hauteur pour 17 mètres d’ouverture) confèrent à cet ouvrage un intérêt tout particulier pour le déplacement de la faune terrestre, quelle que soit sa taille, qui utilise ce cours d’eau et ses berges comme corridor de déplacement entre le Mont Salève et la vallée des Usses.

Ecrevisse pieds blancs

Le tunnel du Mont Sion

Long de 3100 mètres, cet ouvrage permet d’éviter toute coupure du corridor écologique régional identifié sur le Mont Sion.

Les viaducs

Au nombre de 4 sur l’itinéraire de l’A41 Nord, ils permettent de franchir les 4 cours d’eau (appelés Nant en Haute Savoie) interceptés par l’A41 Nord.  La configuration en viaduc apporte toutes les garanties nécessaires au maintien des déplacements de la faune sauvage par la préservation des habitats qu’elle permet et la largeur d’ouverture du passage qu’elle offre.

Viaduc des Usses - Cruseilles

Viaduc des Usses

Sur la commune de Cruseilles

Viaduc de Pesse Vieille - Cruseilles

Viaduc de Pesse Vieille

Sur la commune de Cruseilles

Viaduc de Saint Martin - Copponex

Viaduc de Saint Martin

Sur la commune de Copponex

Viaduc de la Folle - Feigères

Viaduc de la Folle

Sur la commune de Feigères

Des clôtures de protection de la faune et des automobilistes

L’A41 Nord est clôturée sur l’ensemble de son linéaire. La hauteur minimale de cette clôture est de 1,8 mètres.

Ces clôtures, dont le rôle premier est d’empêcher la faune sauvage de traverser la chaussée, assurent également une fonction de « guidage » des animaux sauvages. En effet, les animaux qui viennent butter contre celle-ci, ne pouvant traverser l’autoroute à ce niveau-là, longent ces équipements jusqu’à un point de passage aménagé. Ainsi, clôtures et passages constituent un tout indissociable dans la transparence de l’autoroute vis-à-vis des déplacements de la faune sauvage.

Ces clôtures sont adaptées aux différents types de faune ciblée. Ainsi, les caractéristiques d’une clôture dans une zone de présence avérée du cerf seront nécessairement différentes de celles mises en place sur des secteurs où seules des espèces de plus petite taille telles que le lièvre ou le renard par exemple sont présentes.

Clôture Grande Faune

Ce type de clôture est mis en place sur les secteurs où la présence du cerf a été confirmée par les études environnementales. Ces clôtures, à maille progressive du sol vers le sommet, sont d’une hauteur de 2,5 m, hauteur nécessaire pour éviter que le cerf ne saute par-dessus celle-ci. Sur l’A41 Nord, au total, 7500 mètres de cette clôture sont posés. Afin d’augmenter la difficulté de franchissement de ces équipements, ceux-ci ont, dans la mesure du possible, été positionnés en haut des talus autoroutiers ou des merlons augmentant ainsi naturellement la hauteur de protection offerte. 

Clôture grande faune "Cerf" sur le secteur de Tollon (Copponex)

Clôture renfort sanglier

Le sanglier constitue un cas particulier qu’il convient de traiter de façon spécifique. Son comportement d’animal fouisseur impose de renforcer spécifiquement le pied de la clôture afin d’éviter que ces animaux ne soulèvent la clôture lors des recherches de nourriture qui consistent à fouiller le sol avec leur museau. Ainsi, les clôtures de l‘A41 Nord sont équipés sur 6650 mètres de 3 fils de ronces (fil barbelés) en pied de clôture ainsi que de rabats de clôtures fichés au sol sur 50 centimètres.

Pied de clôture sanglier renforcé par un rabat broché au sol sur le secteur de la Férande (Andilly)

Clôture petite faune

Les animaux de petite taille ne sont pas en reste, dans la mesure où une double clôture est mise en place sur les zones les plus exposées. Cette double clôture présente une taille de maille bien inférieure à celle rencontrée pour les grands animaux évitant ainsi que petits mammifères notamment ne pénètrent sur les chaussées autoroutières qui constituent pour eux un risque très important de mortalité. Au total, 3900 mètres de clôture petite faune et/ou batraciens sont mises en œuvre pour la protection de ces groupes d’espèces.

Clôture petite faune sur le secteur de Follon (Copponex)

Reconstitution d’habitats naturels favorables à l’extérieur des clôtures autoroutières

Au-delà des dispositions permettant une traversée de l’autoroute par les animaux sauvages, un important programme de restauration de milieu naturel et d’écosystèmes a été mis en œuvre par ADELAC pour contribuer au maintien des espèces et de leurs habitats dans les territoires traversés.

Recréation de cours d’eau

La construction de l’autoroute et notamment du tunnel du Mont Sion a généré un volume excédentaire de matériaux très important qui a nécessité la création de zones de dépôts définitifs. Ces zones de dépôts, créées à proximité de l’autoroute, ont fait l’objet d’une attention toute particulière afin que leur remise en état participe au mieux à l’intégration environnementale de l’autoroute dans ces territoires très marqué par la ruralité. Plusieurs cours d’eau ont ainsi été reconstitués en surface de ces zones de dépôts, par ailleurs remise en exploitation agricole, afin de permettre une réappropriation de ces zones par la faune sauvage initialement présente. La reconstitution de la végétation spécifique des berges de ces cours d’eau participe à la reconnexion de noyaux de biodiversité identifiés à proximité.

Création d’habitats en faveur des oiseaux

De nombreux talus ont été plantés d’espèces arborées ou arbustives offrant ainsi des habitats favorables à différentes espèces d’oiseaux protégées telles que la pie grièche écorcheur ou le tarier des prés. 

Tarier des prés

Création de mares 

Les mares constituent le lieu de reproduction de la majorité des amphibiens qui colonisent ces milieux à partir de la fin de l’hiver jusqu’au milieu de l’été. Les secteurs du Nant de la Folle entre Présilly et Feigères et le Vallon des Usses notamment ont été identifiés comme particulièrement intéressant pour ce groupe d’espèces. La création de mares forestières dans le secteur du Nant de la Folle et d’ornières dans le vallon des Usses permet d’offrir des habitats de reproduction favorables à des espèces emblématiques telle que le sonneur à ventre jaune.

Crapaud-sonneur-ventre-jaune

 

Implantation de ruches

La richesse floristique des dépendances vertes de l’A41 Nord a fait émerger l’intérêt d’implantation de ruches, permettant ainsi de participer activement au maintien de ce maillon essentiel à la biodiversité que constituent les insectes pollinisateurs. À ce titre, un partenariat est actuellement en cours avec des apiculteurs locaux qui ont implanté un rucher au droit de la tête Sud du tunnel du Mont Sion sur la commune d’Andilly (74350).

Recours à l'éco-pâturage

Dans des zones compliquées d’accès ou dans des zones où la végétation est envahissante, broussailleuse voire impénétrable, les chèvres et moutons peuvent accomplir l'entretien très facilement. C'est ainsi que le long de l'A41 Nord, près du tunnel du Mont Sion, sur la commune de Présilly, mais aussi sur les communes d'Andilly, Copponex et Cruseilles que des moutons contribuent à une fertilisation réduite et naturelle des sols. L’absence de désherbant chimique préserve aussi la biodiversité. Cette technique vise à supprimer les accidents du travail dus à des terrains pentus, et souvent à végétation dense, inaccessibles aux engins et nécessitant la manipulation de matériel portatif de coupe. 

LA FLORE

Les études environnementales menées dans le cadre de la construction de l’A41 Nord avaient mis en évidence l’intérêt tout particulier de plusieurs sites directement en contact avec le projet d’autoroute. Ces sites ont conditionné la géométrie définitive de l’autoroute qui a visé à les préserver de tout impact direct. Ainsi, le marais des Ebeaux et le bois de Ronzier ont donné lieu à une attention de tous les instants au cours de la période de construction. L’ensemble des dispositions prises au cours des travaux ont ainsi permis de préserver totalement ces milieux et les habitats présents.

Marais des Ebeaux (Cruseilles) situé en contre-haut des murs de Troinex

Marais des Ebeaux (Cruseilles) situé en contre-haut des murs de Troinex

Dans la stratégie « Éviter, Réduire, Compenser », ADELAC a participé à la création d’une zone humide naturelle au lieu-dit « le Biolay » sur la commune de Neydens. Cet aménagement est d’autant plus important qu’il s’inscrit dans une logique de préservation de la population d’écrevisses à pattes blanches identifiée sur le cours d’eau mitoyen du site d’accueil de cette zone humide. Ce site fait l’objet d’un arrêté de protection de biotope.

Panneau de signalisation de la zone humide du Biolay rappelant le statut protégé du site

Panneau de signalisation de la zone humide du Biolay rappelant le statut protégé du site

La cicatrisation des milieux impactés par la construction de l’A41 Nord constituait un enjeu à part entière dans le process de prise en compte de la biodiversité.

Ainsi, ce sont plus de 95 hectares de terrains (talus de remblai et de déblai, zones de dépôts définitifs notamment) qui ont, au final, fait l’objet d’ensemencement et/ou de plantations à la base d’espèces locales permettant la recréation de divers habitats caractéristiques des territoires traversés et constituant autant de zones d’accueil de la faune locale.

Véritable corridor écologique

Qu’il s’agisse des haies bocagères, des vergers à base d’essences patrimoniales, voire encore de bosquets, le linéaire de l’A41 Nord contribue donc à créer un véritable corridor écologique entre les réservoirs de biodiversité existants à l’échelle de la Haute Savoie.

La singularité de l’ensemble des mesures en faveur de la biodiversité réside dans le caractère aléatoire de leur résultat. En effet, l’évolution des milieux naturels et leur réponse aux aménagements réalisés restent intimement liées à la combinaison de multiples facteurs extérieurs dont ADELAC n’a pas la maitrise (conditions météorologiques, évolution de l’occupation des sols à proximité, …). Aussi, si la mise en œuvre de ces aménagements constitue une base particulièrement intéressante du point de vue de la biodiversité, celle-ci trouve tout son sens au travers des suivis engagés qui permettent de confirmer voire d’adapter les dispositions prises dans un objectif de toujours mieux inscrire l’autoroute en tant qu’acteur responsable à part entière des territoires traversés.